Cozie, des cosmétiques bio en verre consignés et rechargeables
Si le verre est réputé pour être un matériau responsable, il est nécessaire de nuancer ce propos. Dans une dynamique de production infinie, il ne l’est pas plus que le plastique. Heureusement, des alternatives existent et, avec celles-ci, le verre peut s’imposer comme le contenant de demain.
Selon Statista, le marché mondial des produits de maquillage devrait atteindre une valeur de 100 milliards de dollars américains en 2025 (prévisions de 2019). Pour l’heure, nous n’en sommes pas encore là, mais cette industrie est décriée car on remet en cause son impact environnemental. Deux facteurs principaux entrent en jeu : les produits, avec leur procédé de fabrication (transformations chimiques, délocalisation, tests sur des animaux, santé des consommateurs, etc), et leurs emballages.
La production de verre
“Les flacons pharmaceutiques sont recyclables, tout comme les flacons de parfum et les pots de cosmétiques en verre”, écrivent Frédéric Debeaufort, Kata Galić, Mia Kurek, Nasreddine Benbettaieb et Mario Ščetar dans leur ouvrage Matériaux et procédés d’emballage pour les industries alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques.
Dans un article sorti en mars 2021, Reset évoquait effectivement la solution de l’emballage en verre, une des alternatives les plus propres au plastique, car recyclable à l’infini.
Mais attention, l'emballage en verre n'est pas une solution miracle, même s'il reste nettement moins polluant que l'emballage plastique. Voilà pourquoi. En octobre 2021, le site options-solutions publie un article dans lequel il pointe l’impact environnemental du verre. Pour en fabriquer une bouteille, il faut mélanger de la silice (présente dans le sable) et des carbonates. Le résultat est chauffé dans un four jusqu’à 1.500 °C. D’une part, l’extraction en masse de matières premières comme le sable peut déstabiliser les écosystèmes d’où elles proviennent. D’une autre part, l’énergie consommée par la fonte de ces matières premières est très importante.

Favoriser la consigne au recyclage
Si la bouteille en verre est retournée, le fonctionnement du tri sélectif impose une refonte de l’objet pour son recyclage. Une fois de plus, les fours tournent et consomment du pétrole. Le transport des déchets recyclables ne peut pas être ignoré ; il fait partie des transports de marchandises.
Options-solutions met alors le verre sur la piste de l'éco-responsable en reprenant un usage délaissé par la France : la consigne. Il s’agit de faire payer, en plus, une légère somme au consommateur pour chaque bouteille en verre achetée. La somme lui est reversée s’il ramène ces bouteilles en magasin, où elles sont récoltées par une machine. Le verre doit être en parfait état, puisqu’il est simplement nettoyé et remis dans la chaîne de production. Ce système est de mise en Allemagne, par exemple. En France, on consignait les bouteilles entre les années 60 et 80, avant de favoriser le tri sélectif. La consigne évite une production et un recyclage du verre polluant, et pourrait être la clé pour rendre l’usage du verre vraiment responsable.

Cozie, Consommation Objectif Zéro Impact Environnemental
En attendant, le verre recyclé reste une des alternatives les plus durables au plastique. C’est sur ce constat qu'Emeric Baracat a imaginé une entreprise. Cet ancien ingénieur dans la cosmétique de luxe a décidé de couper les ponts avec la production polluante qu’il connaissait ; gaspillage et fabrication à outrance en sont les règles. Avec Louise Salvati, auteure du livre « Le cahier zéro déchet pour les nuls », ils fondent Cozie (« Consommation Objectif Zéro Impact Environnemental »), une marque de beauté engagée qui propose des cosmétiques naturels et bio, produits en France, en verre consignés et rechargeables.
Leur principal combat est d'arrêter la production de déchets, liée notamment aux emballages. Ainsi, la marque de cosmétiques naturels Cozie a porté son choix sur un matériau utilisé par l’Homme depuis 7.000 ans : le verre. Des établissements et services d'aide par le travail (ESAT) se chargent de récupérer, laver et remplir les contenants à nouveau. Ainsi, la marque évite la production de nouveaux flacons et bouteilles, leur permettant de réduire considérablement leur empreinte carbone. Cozie a créé deux machines de self-service : la Dozeuse et la Dozette (plus d’informations ici). Selon leurs chiffres, 40 à 60% des flacons sont retournés. Cette pratique permet une diminution de 79% des émissions de CO2 par rapport à une marque traditionnelle.
Article par Samuel Gut.